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PÉRICLÈS.

Aux quatre coins opposés
Que réunit le monde ;
On y met toute diligence ;
Chevaux, navires et grosses dépenses
Aident aux perquisitions. De Tyr enfin,
(La renommée ayant secondé de si énergiques recherches),
À la cour du roi Simonide
Une lettre est apportée dont voici la teneur :
« Antiochus et sa fille sont morts ;
» Les gens de Tyr sur la tête
» D’Hélicanus ont voulu mettre
» La couronne de Tyr. mais il s’y est refusé ;
» Il s’est hâté d’apaiser les mutins,
» En leur disant que, si le roi Périclès
» N’était pas revenu après douze lunes,
» Il se soumettrait leur décision,
» Et prendrait la couronne. » Ces nouvelles,
Ainsi apportées à Pentapolis,
Ont ravi les pays d’alentour,
Et chacun d’applaudir en s’écriant :
« Notre héritier présomptif est un roi !
» Qui eût rêvé, soupçonné pareille chose ? »
Bref, Périclès doit retourner à Tyr ;
Sa femme qui est grosse témoigne le désir
De l’accompagner : qui voudrait la contrarier ?
Nous omettons les doléances et les regrets.
Elle prend avec elle Lychorida, sa nourrice,
Et les voilà en mer. Leur vaisseau oscille
Sur la vague neptunienne ; la quille a déjà sillonné
La moitié du trajet ; mais l’humeur de la fortune
Change encore ; le Nord chenu
Dégorge une telle tempête
Que, comme un canard plongeant pour se sauver,
Le pauvre navire ne fait que monter et descendre.
La dame crie, et, juste ciel !
La frayeur la fait accoucher.
Ce qui doit s’ensuivre en ce terrible orage
Va s’expliquer de soi-même.
Je ne relate plus rien ; l’action peut
Parfaitement développer le reste,
Mais n’eût pu révéler ce que j’ai dit.