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PÉRICLÈS.

SCÈNE XIV.
[Tharse. Une plage.]
Entrent Dionysa et Léonin.
dionysa.

— Rappelle-toi ton serment ; tu as juré de le faire. — Ce n’est qu’un coup, et l’on n’en saura jamais rien. — Tu ne peux rien faire aussi vite — qui te procure autant de profit. Que la froide conscience, — en allumant la sympathie dans ton sein, — n’y allume pas de scrupule ; et ne te laisse pas amollir par la pitié — que les femmes elles-mêmes ont dépouillée, mais sois — le soldat de ta résolution.

léonin.

— Je ferai la chose ; mais pourtant c’est une ravissante créature.

dionysa.

— Elle mérite d’autant plus que les dieux la possèdent. La voici — qui arrive pleurant la mort de sa vieille nourrice. — Tu es décidé ?

léonin.

Je suis décidé.

Entre Marina, portant une corbeille de fleurs.
marina.

— Non, non ! je veux dérober à Tellus sa parure, — pour joncher de fleurs ton gazon ; des fleurs jaunes, bleues — et pourpres, des violettes et des soucis, — tapisseront ta tombe, — tant que dureront les jours d’été. Hélas ! pauvre fille que je suis, — née dans un ouragan pendant lequel ma mère est morte, — ce monde est pour moi comme une perpétuelle tempête — qui m’emporte loin de mes amis.