Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/142

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PÉRICLÈS.

boult.

Eh bien, je vais voir ce que je peux faire pour toi ; si je peux te placer, je le ferai.

marina.

Mais chez d’honnêtes femmes !

boult.

Ma foi, ce n’est guère parmi elles que j’ai des relations. Mais puisque mon maître et ma maîtresse vous ont achetée, il n’y a pas moyen de s’en aller sans leur consentement ; je vais donc leur faire connaître vos intentions, et je ne doute pas de les trouver suffisamment traitables. Allons, je vais faire pour toi ce que je pourrai ; viens !

Ils sortent.
Entre Gower.
gower.

Marina échappe ainsi au bordel, et est accueillie
Dans une honnête maison, dit notre histoire.
Elle chante comme une immortelle, et danse
Comme une déesse sur les airs qu’elle fait admirer :
Elle stupéfait les clercs profonds, et de son aiguille reproduit
Les formes de la nature, bourgeons, oiseaux, branches et fruits ;
Son art fait des sœurs aux roses naturelles ;
Sa laine et sa soie sont jumelles des cerises rubicondes.
Elle ne manque pas d’élèves de noble race
Qui déversent sur elle leurs largesses ; son gain,
Elle le donne à la matrulle maudite. Quittons-la ici,
Et reportons nos pensées vers son père.
Nous l’avons laissé en mer où nous l’avons perdu de vue ;
Poussé par les vents, il est arrivé
Là où demeure sa fille ; sur cette côte,
Supposez-le à l’ancre. La ville est tout occupée
De célébrer la fête annuelle du dieu Neptune ;
Lysimaque aperçoit notre vaisseau tyrien,
Avec son pavillon noir et ses riches agrès ;
Il s’empresse d’aller à sa rencontre dans sa barge.
Mettez de nouveau votre vision dans votre imagination ;