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SCÈNE VI.

qu’y a-t-il ? — Pourquoi êtes-vous chargés de tout cet attirail ? — Est-ce aujourd’hui jour de quartier, que vous déménagez, — en emportant ainsi sacs et bagages ?

deuxième français.

— Jour de quartier ? C’est plutôt, j’en ai peur, une journée sans quartier. — Avez-vous pas appris la nouvelle qui court ?

premier français.

— Quelle nouvelle ?

deuxième français.

— La nouvelle que la flotte française a été détruite sur mer, — et que l’armée anglaise a débarqué.

premier français.

— Eh bien, après ?

deuxième français.

Après, dites-vous ? Est-il pas temps de se sauver, — quand la fureur et le pillage sont si proches ?

premier français.

— Rassurez-vous, mon cher ; ils sont assez loin d’ici encore, — et je vous garantis qu’ils le paieront cher, — avant de pénétrer si loin dans le pays.

deuxième français.

— Oui, ainsi la cigale passe le temps — en un fol enjouement, jusqu’à la venue de l’hiver ; — et alors elle voudrait réparer le temps perdu, alors qu’il est trop tard, — et que le froid glacial mord sa tête insouciante. — Celui qui ne se munit d’un manteau — que dès qu’il voit la pluie tomber, — risque fort, pour sa négligence, — d’être trempé jusqu’aux os quand il ne s’y attend pas. — Nous, qui avons charge de famille, comme vous voyez, — nous devons nous y prendre à temps pour sauvegarder et les nôtres et nous, — de peur de ne plus trouver de ressources en cas de besoin.