Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/333

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SCÈNE XI.

arden.

Ce brouillard est symbolique, mon ami ; il ressemble au cerveau enfumé d’un bon compagnon qui toute la nuit s’est à moitié noyé dans de l’ale nouvelle.

le batelier.

Il serait fâcheux que le crâne de ce compagnon-là ne fût pas un peu fêlé, pour rendre le cheminée plus large.

FRANCKLIN, au batelier.

L’ami, que penses-tu de ce brouillard ?

le batelier.

Je pense qu’il ressemble à une méchante femme, dans un petit ménage, laquelle n’a pas de cesse qu’elle n’ait mis son mari à la porte avec une paire d’yeux en larmes ; alors, à voir la mine du malheureux, on dirait que sa maison est en feu ou que quelqu’un de ses amis est mort.

arden.

Parles-tu ainsi d’après ta propre expérience ?

le batelier.

Peut-être que oui, peut-être que non. Car ma femme est, comme toutes les autres, gouvernée par la lune.

francklin.

Par la lune. Comment cela, je te prie ?

le batelier.

Eh bien, d’abord par la pleine lune de Midsummer ! Et puis, ma femme est sujette à une autre lune.

francklin.

Oui-dà, une lune qui a ses influences et ses éclipses.

arden.

À ce compte-là, tu figures parfois l’Homme dans la lune.

le batelier.

Oui, mais vous ferez bien de ne pas vous mêler de cette