— Présomptueux coquin, veux-tu donc m’enlever ma prise ?
— Non ! c’est toi plutôt qui me ravis mon bien.
— Misérable ! fais céder tes titres aux miens, — ou avec mon épée je perce tes lâches entrailles.
— Tout beau, mon bon monsieur ! il ne suffit pas de parler. — Chien qui aboie mord rarement les étrangers.
— Irrespectueux manants, vous vous disputez sous nos yeux ! — Geôlier, emmenez-les d’ici au donjon ; — et qu’ils y restent pour y vider leur querelle ! — Mais toi, belle princesse, ne sois nullement effrayée ; — réjouis-toi au contraire de la faveur qu’a pour toi Locrine.
— Quelle faveur peut avoir pour moi celui qui a tué mon époux ?
— C’est la fortune de la guerre qui te l’a enlevé, mon amour.
— Mais c’est Locrine qui a causé sa mort.
— Il était l’ennemi de l’empire de Locrine, — et il avait tué mon noble frère Albanact.
— Mais il m’était uni par les liens du mariage, — et vous voudriez que j’aimasse son meurtrier !
— Mieux vaut vivre que ne plus vivre.