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SCÈNE IV.

lancelot, à sir Arthur.

Eh bien donc, monsieur, commençons par vous. Je confesse que vous êtes un fort galant chevalier, un vaillant soldat, un honnête homme. Mais cette honnêteté-là se coiffe économiquement à la française, porte rarement un collier d’or, a un domestique peu nombreux et possède peu d’amis. Quant à ce jeune écervelé, le jeune Flowerdale, je ne veux pas préjuger son avenir. Dieu peut opérer des miracles, mais il lui serait plus facile de créer cent nouveaux êtres que de faire de celui-ci un homme honnête et économe.

girouette, à Mathieu.

Ma foi, il vous a porté une botte ; il vous a touché au vif ; pour ça, oui.

mathieu.

Quelle est la buse que j’ai près de moi ? Allons donc, maître Girouette, vous savez bien que je suis honnête, en dépit de toutes mes fredaines.

girouette.

Sur ma parole, je ne puis le contester. — Votre vieille mère était vraiment une dame : — son âme est au ciel, comme celle de mon épouse, j’espère. — Quant à votre bon père, cet honnête gentleman, — il est parti, m’a-t-on dit, pour un voyage lointain.

mathieu.

— Oui, assez lointain, Dieu soit loué ! — Il est parti en pèlerinage pour le Paradis, — et m’a laissé ici faire la cabriole à l’encontre du souci. — Luce, regardez-moi, je suis aussi léger que l’air.

luce.

— Ma foi, je n’aime pas les ombres, les billevesées, les choses creuses ; — j’ai horreur d’un amour léger, comme de la mort.