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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

mistress Cunniburrow. Pour logement et nourriture, la somme s’élève à quatre livres cinq shillings et cinq pence.

GEORGE., à part.

— Je connais trop bien le chiffre, mais je comptais — sur un jour à venir… N’importe, telle est mon étoile, — et il faut que je m’y soumette, si mauvaise qu’elle soit. — Je le déclare maintenant, mon plan est renversé tout de bon ; — il faut que le capitaine se résigne. — Voilà le fruit de la supercherie.

BUSARD.

Allons, en marche !

GEORGE.

Je vous en prie, donnez-moi seulement le temps de rattacher ma jarretière, et je suis à vous.

BUSARD.

Soit, mais payez-nous pour nous faire attendre ; croyez-vous que ce n’est pas fatiguant de rester ainsi en arrêt ?

GEORGE., à part, faisant mine de remettre sa jarretière.

Je ne suis plus qu’un pauvre misérable ; je ne me remettrai jamais de cette maladie-là… Qu’un fer rouge leur ronge les poignets ! Ils m’ont flanqué à l’épaule une fièvre dont je ne serai débarrassé, je le crains, que quand le fossoyeur m’aura élargi avec le véritable habeas corpus. Oh ! si une fois je suis emprisonné, je serai écrasé sous la chicane, et je n’aurai même pas la chance de l’être rapidement ; je pourrai être écrasé quarante ans durant, jusqu’à ce que je devienne un mince vieillard à travers lequel on verra, comme à travers une grille… Toutes mes ressources sont anéanties ! Que faire ? Mon esprit m’a-t-il servi si longtemps, pour me faire faux bond (comme un maraud émérite), quand j’ai le plus besoin de lui ? Il n’y a donc pas moyen de soustraire ma pauvre carcasse à ces busards-là ?… Oui… j’ai heureusement un papier sur moi !… Oui, ma