Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/69

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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

que. — Du sommet humide des montagnes, — les sources précipitent en dansant leurs eaux murmurantes — et arrosent toute la terre de leurs vagues cristallines. — Les douces brises du modeste Eurus, — agitant le feuillage sonore des forêts de Silvain, — font de ce pays l’égal du paradis de Tempé ; — et tous ces agréments réunis — me font croire que ce sont les îles fortunées, — heureuses surtout si Humber peut les conquérir.

hubba.

— Madame, là où la résolution ouvre la marche — et où le courage la suit d’un pas hardi, — la fortune ne saurait imposer sa tyrannie ; — car l’héroïsme est semblable à un roc — qui se dresse au-dessus des vagues de l’Océan. — Les vagues ont beau le battre de tout côté, — le terrible Borée a beau souffler sur lui — avec la hideuse clameur de ses ouragans, — il demeure toujours immuable.

humber.

— Ô toi, la gloire de ton père, tu es royalement résolu.

Entre Ségar.

— Eh bien, digne Ségar, quelles nouvelles étranges — apportes-tu à notre majesté ?

ségar.

— Monseigneur, le plus jeune des fils de Brutus, — l’intrépide Albanact, avec ses millions d’hommes, — approche et compte, avant la matinée prochaine, — faire subir à vos forces le choc de l’épée fatale.

humber.

— Bah ! qu’il arrive avec ses millions de soldats ! — Il trouvera ici un accueil convenable, — et bien digne des gens qui sont nos ennemis ; — car nous les recevrons à la pointe de nos lances, — et nous les massacrerons avec nos lames. — Oui, quand leur masse serait infinie, — quand ils seraient plus nombreux que les armées — amenées contre