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SCÈNE X.

SCÈNE X.
Entrent Locrine, Guendeline, Corinéius, Assarachus, Thrasimachus et Camber.
locrine.

— Est-ce bien vrai ? Albanact est-il tué ? — Le maudit Humber, avec son armée de vagabonds, — avec sa meute de chiens métis, — a-t-il causé la chute de notre frère redouté ? — Oh ! que n’ai-je la harpe du Thrace Orphée, — et que ne puis-je évoquer des ombres de l’enfer — les plus affreux démons du noir Érèbe, — pour en faire les tourmenteurs de ce traître maudit ! — Que n’ai-je la lyre d’Amphion — pour animer par des accords vivifiants — les pieds de pierre de tous les rochers — et les précipiter sur les Scythes ! — Par la foudre du tout-puissant Jupiter, — le Hun mourra, eût-il dix mille vies ; — et ces dix mille vies, je voudrais qu’il les eût, — pour que je pusse, avec le bras fort d’un Hercule, — faire sauter les têtes sifflantes de cette hydre infâme. — Mais parle, cousin, il me tarde de savoir — comment Albanact a eu une mort si prématurée.

thrasimachus.

— Après que l’armée traîtresse des Scythes — eut envahi la campagne en martial équipage, — le jeune Albanact, impatient de tout délai, — conduisit ses troupes contre ces maraudeurs, — dont la multitude alarmait nos soldats dans l’âme, — mais ne pouvait effrayer le vaillant prince. — Plein d’un courage héroïque, — pareil à un lion au milieu de troupeaux de brebis, — il moissonnait les fugitifs défaillants, — en se frayant un passage à la pointe de l’épée ; — déjà, nous avions presque repoussé l’ennemi, — quand soudain, d’un bois silencieux, — Hubba, avec vingt mille soldats, — est lâchement tombé sur nos derrières affaiblis,