racines flétries et la cosse qui servit au gland de berceau. Suis moi.
Noa ; je résisterai à un pareil traitement, jusqu’à ce que j’aie affaire à un ennemi plus puissant.
Ô mon père ! ne le mettez pas à une trop rude épreuve ; car il est doux et ne saurait inspirer d’ombrage.
Quoi donc ! mon pied prétendrait me gouverner ! remets dans le fourreau ton épée, traître qui fais le brave et n’oses frapper, placé que tu es sous le poids d’une conscience coupable. Quitte cette attitude menaçante, car je puis te désarmer avec cette baguette et faire tomber ton glaive de tes mains.
Mon père ! je vous en conjure !
Laisse-moi, écarte tes mains de mes vêtements.
Mon père ! ayez pitié ! je serai sa caution.
Silence ! un mot de plus m’obligerait à te réprimander, peut-être même à te haïr. Eh quoi ! tu prendrais la défense d’un imposteur ! tais-toi. Tu t’imagines qu’il n’y a personne d’aussi beau que lui, parce que tu n’as vu que lui et Caliban. Sotte que tu es, comparé à la plupart des hommes, celui-ci est un Caliban, et eux ils sont des anges auprès de lui.
En ce cas, mes affections sont des plus humbles ; je ne désire point voir un homme plus beau.
Suis-moi, obéis. Tes nerfs sont retombés dans l’enfance et n’ont plus aucune vigueur.
Il est vrai ; mes sens sont enchaînés comme dans un rêve. La perte de mon père, la faiblesse que j’éprouve, le naufrage de tous mes amis, les menaces même de cet homme auquel je suis asservi, je supporterais facilement tout cela, si je pouvais seulement une fois par jour contempler cette jeune fille à travers ma prison. J’abandonne aux autres le reste du monde ; dans une telle prison j’ai assez d’espace.
L’influence opère. {À Ferdinand.) Viens. {À part.) Tu t’es bien acquitté de ta tâche, mon bel Ariel. {À Ferdinand et à Miranda.) Suivez-moi ! {À Ariel.) Écoute ce que j’ai à t’ordonner encore.
Rassurez-vous : mon père est meilleur au fond que son langage ne le fait paraître ; l’humeur qu’il vient de montrer ne lui est pas ordinaire.