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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/27

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qu’on a vu souvent. Les hommes ferment leurs portes au soleil couchant.

(Les convives se lèvent de table en montrant un grand respect pour Timon et pour lui montrer leur affection, chacun d’eux prend une des amazones, et ils dansent couple par couple : on joue deux ou trois airs de hautbois, après quoi la danse et la musique cessent.)

TIMON. — Vous avez embelli nos plaisirs, belles dames, et donné un nouveau charme à notre fête, qui n’eût pas été à moitié si brillante ni si agréable sans vous ; elle vous doit tout son prix et son éclat, et vous m’avez rendu moi-même enchanté de ma propre invention. J’ai à vous en remercier.

PREMIÈRE DAME. — Seigneur, vous nous jugez au mieux.

APÉMANTUS. — Oui, ma foi ; car le pire est dégoûtant, et ne supporterait pas qu’on y touchât, je pense.

TIMON. — Mesdames, il y a un petit banquet qui vous attend ; veuillez bien aller vous asseoir.

TOUTES ENSEMBLE. — Mille remerciements, seigneur.

(Elles sortent.)

TIMON. — Flavius !

FLAVIUS. — Seigneur !

TIMON. — Apportez-moi la petite cassette.

FLAVIUS. — Oui, monseigneur. — (À part.) Encore des bijoux ? On ne peut l’arrêter dans ses fantaisies autrement je lui dirais… — Allons. — En conscience, je devrais l’avertir. Quand tout sera dépensé, il voudrait bien alors qu’on l’eût arrêté. C’est grand dommage que la libéralité n’ait pas des yeux derrière : alors jamais un homme ne tomberait dans la misère, victime d’un trop bon cœur.

PREMIER SEIGNEUR. — Nos serviteurs, où sont-ils ?

UN SERVITEUR. — Les voici, seigneur, à vos ordres.

LUCIUS. — Nos chevaux.

TIMON. — Mes bons amis, j’ai encore un mot à vous dire. Seigneur, je vous en conjure, faites-moi l’honneur d’accepter ce bijou ; daignez le recevoir et le porter, mon cher ami !

LUCIUS. — Je suis déjà comblé de vos dons !

TOUS. — Nous le sommes tous !

(Entre un serviteur.)