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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/280

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SUR ROMÉO ET JULIETTE. 277

son goùt et à la justesse de son espi il. Dryden rapporte, comme une tradition de son temps, que Shakspeare disait « qu’il avait été obligé « de tuer Mercutio au troisième acte, de peur que Mercutio ne le tuât. » Cependant Mercutio a conservé en Angleterre de zelés partisans ;ohnson entre autres, à cette occasion, traite assez durement Dryden pour quelques paroles irrévérentes sur cet aimable Mercutio, dont les « saillies, dit-il, ne sont peut-être pas toujours a sa portée.» L’éloignement de Shakspeare pour le genre d’esprit qu’il a prodigué dans Roméo est, du resie, suffisamment prouvé par l’injonction du frère Laurence à Roméo, lorsque celui-ci commence à lui expliquer ses affaires en style de sonnet « Mon fils, lui dit-il, parle simplement. » Le frère Laurence est l’homme sage de la pièce, et ses discours sont en général aussi simples que de son temps il était permis à un philosophe de l’être.

Le rôle de la nourrice de Juliette offre également peu de ces subtilités que Shakspeare parait, dans cet ouvrage, avoir réservées aux gens de la haute classe, et quelquefois aux valets qui les imitent. Ce caractère de la nourrice est indiqué dans le poëme d’Arthur Brooke, où il est loin cependant d’avoir la même vérité grossière que dans la pièce de Shakspeare.

Partout où ils échappent aux concetti, les vers de Roméo et Juliette sont peut-être les plus gracieux et les plus brillants qui soient sortis de la plume de Shakspeare ; ils sont en grande partie rimés, autre hommage renduaux habitudes italiennes.

Roméo et Juliette, fut jouée pour la première fois, en 1596, par les serviteurs de lord Hundsdon, les grands seigneurs ayant joui jusqu’au règne de Jacques Ier d’une liberté illimitée quant à la protection qu’ils accordaient aux acteurs, Un acte du Parlement v sonorta alors quelque restriction.