282 ROMÉO ET JULIETTE.
SAMSONI—Oui, la tête des filles, ou bien. arrange cela comme tu voudras.
GRÉGOIRE.—C’est à celles qui le sentiront à s’en arranger.
SAMSON.—Elles me sentiront tant que le courage me tiendra ; et on sait que je suis un gaillard bien en chair. GRÉGOIRE.—Oui, tu n’es pas poisson si tu l’étais, tu serais un hareng de deux liards. Allons, tire ta flamberge ; en voilà deux de la maison des Montaigu.
(Entrent Abraham et Balthasar.)
SAMSON.—Voilà mon épée hors du fourreau. Chercheleur querelle, je t’épaulerai.
GRÉGOIRE.—Commment, en tournant les épaules et en te sauvant ?
SAMSON.—Ne crains rien de mon courage.
GRÉGOIRE.—Moi, craindre ton courage non, vraiment. la loi de notre côté ; laissons-les
commencer.
GRÉGOIRE.—Je vais froncer le sourcil en passant devant eux qu’ils le prennent comme ils voudront.
SAMSON.—C’est-à-dire comme ils l’oseront. Moi, je vais leur mordre mon pouce s’ils le supportent, ils sont déshohôrés.
ABRAHAM.—Est-ce à notre intention, monsieur, que vous mordez votre pouce ?
SAMSON.—Je mords mon pouce, monsieur.
ABRAHAM.—Est-ce à notre intention, monsieur, que vous mordez votre pouce ?
tkt à la suite de la plaisanterie. Samson répond que les femmes étant the weaker vessels (les vases les moins solides), expression empruntée à l’Écriture, sont toujours (thrust to the icall) jetées contre le mur, au coin du mur.
1 Or their maidenheads take it in what sense thou wilt.— GREC. they must take it in sense that feel it. SAMS. Me they shall feel, while 1 am able to stand. Le jeu de mots roule sur les têtes des filles (the heads of the maids) ou leur virginité (maidenhead) ; il est impossible à rendre en français.
2 Mordre son pouce était, du temps de Shakspeare une des insultes les plusen usage pour commencer une querelle.