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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/307

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304 ROMÉO ET JULIETTE.

moi qui suis le maître ici ou bien vous ? Allons donc, vous ne le souffrirez pas ? Dieu me pardonne I vous allez mettre le trouble parmi mes hôtes, vous prendrez les airs d’un coq sur son panier’ 1 vous ferez le maître 1. TYBALT.—Mais, mon oncle, c’est une honte.

CAPULET.—Allez, allez, vous êtes un jeune insolent. Nous verrons jvraiment. Cette farce pourrait bien vous tourner mal. Je sais ce que je dis. Il faudra que vous veniez ici me contrarier En vérité, vous prenez bien votre temps. A merveille, mes enfants. -Vous n’êtes qu’un fat, allez ; tenez vous tranquille, ou. Encore des lumières ; encore des lumières. N’avez-vous pas de honte ? Je vous forcerai bien à être tranquille. Comment l Allons, gai, mes enfants.

TYBALT.—Cette patience forcée et la colère à laquelle je voudrais m’abandonner, font, en se heurtant, trembler tout mon corps des assauts qu’elles se livrent. Je m’en irai ; mais cette intrusion qui semble douce maintenant, se changera en fiel amer. (Il sort.)

ROMÉO, à Juliette.-Si d’une main trop indigne j’ai profané la sainteté de l’autel, voici la douce expiation de ma faute mes lèvres, pèlerins rougissants, sont prêtes à adoucir par un tendre baiser la rude impression de ma main.

JULIETTE.-Bon pèlerin, vous faites injure à votre main, qui n’a montré en ceci qu’une dévotion pleine de convenance ; car les saints ont des mains que peuvent toucher celles des pèlerins et joindre les mains est le baiser du pieux voyageur en terre sainte.

ROMÉO.—Les saints n’ont-ils pas des lèvres ? et les pieux voyageurs aussi ?

JULIETTE.—Oui, pèlerin, des lèvres qu’ils doivent employer à prier.

ROMÉO.—Oh 1 s’il en est ainsi, chère sainte, permets aux lèvres de faire l’office des mains elles te prient, exauce leur prière, de peur que ma foi ne se change en désespoir.

1 You will set cock-a-hoop: un coq sur un cerceau.