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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/32

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téré mon crédit. J’aime et j’honore Timon ; mais je ne dois pas me rompre les reins pour lui guérir le doigt ; mes besoins sont pressants ; il faut que je sois satisfait immédiatement sans être bercé par des paroles. Partez ; prenez un air des plus importuns, un visage de demandeur, car je crains bien que le seigneur Timon, qui maintenant brille comme un phénix, ne soit bientôt plus qu’une mouette plumée, quand chaque plume sera rendue à l’aile à laquelle elle appartient.

CAPHIS. — J’y vais, seigneur.

LE SÉNATEUR. — « J’y vais, seigneur ? » — Portez donc les billets, et prenez-en les dates en compte.

CAPHIS. — Oui, seigneur.

LE SÉNATEUR. — Allez.

SCÈNE II
Un appartement de la maison de Timon.

Entre FLAVIUS tenant plusieurs billets à la main.

FLAVIUS. — Point de soin, pas un temps d’arrêt ! Si insensé dans ses dépenses, qu’il ne veut pas savoir comment les continuer ni arrêter le torrent de ses extravagances ! Ne se demandant jamais comment l’argent sort de ses mains ; ne se préoccupant pas davantage du temps que cela durera. Jamais homme ne fut aussi fou et aussi bon ! Que faire ? Il ne voudra rien écouter qu’il ne sente le mal. — Il faut que je sois franc avec lui à son retour de la chasse. Fi donc ! fi donc ! fi donc !

(Entrent Caphis et des serviteurs d’Isidore et de Varron[1].)

CAPHIS. — Salut, Varron. Quoi, vous venez chercher de l’argent ?

LE SERVITEUR DE VARRON. — N’est-ce pas aussi ce qui vous amène ?

CAPHIS. — Oui et vous aussi, Isidore ?

LE SERVITEUR D’ISIDORE. — Justement.

  1. Les valets se donnent entre eux le nom de leurs maîtres.