Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/413

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OBERON. — Eh bien ! réformez ces désordres ; cela dépend de vous. Pourquoi Titania contrarierait-elle son Oberon ? Je ne lui demande qu’un petit garçon, pour en faire mon page d’honneur[1].

TITANIA. — Mettez votre cœur en repos. Tout le royaume des fées n’achèterait pas de moi cet enfant : sa mère était initiée à mes mystères ; et maintes fois la nuit, dans l’air parfumé de l’Inde, elle a bavardé auprès de moi ; maintes fois, assise à mes côtés sur les sables dorés de Neptune, elle observait les commerçants embarqués sur les flots. Après que nous avions ri de voir les voiles s’enfler, et s’arrondir sous les caresses du vent, elle se mettait à vouloir les imiter, et d’une démarche gracieuse et balancée, poussant en avant son ventre, riche alors de mon jeune écuyer, comme un vaisseau voguant sur la plaine, elle m’allait chercher des bagatelles, pour revenir ensuite à moi, comme d’un long voyage, chargée d’une précieuse cargaison. Mais l’infortunée étant mortelle, est morte en donnant la vie à ce jeune enfant, que j’élève pour l’amour d’elle ; c’est pour l’amour de sa mère que je ne veux pas me séparer de lui.

OBERON. — Combien de temps vous proposez-vous de rester dans le bois ?

TITANIA. — Peut-être jusqu’après le jour des noces de Thésée. Si vous voulez vous mêler patiemment à nos rondes, et assister à nos ébats au clair de la lune, venez avec nous ; sinon, évitez-moi, et je ne troublerai pas vos retraites.

OBERON. — Donnez-moi cet enfant, et je suis prêt à vous suivre.

TITANIA. — Pas pour votre royaume.—Allons, fées, partons. Nous passerons toute la nuit à quereller, si je reste plus longtemps. (Titania sort avec sa suite.)

OBERON. — Eh bien ! va, poursuis ; mais tu ne sortiras

  1. Page d’honneur, place de cour abolie par Élisabeth ; le henchman des highlanders était leur échanson.