Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/422

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cette ironie ? Quand ai-je mérité d’essuyer de votre part ces mépris ? N’est-ce donc pas assez, n’est-ce donc pas assez, jeune homme, que je n’aie jamais pu, non, et que je ne puisse jamais mériter un doux regard des yeux de Démétrius, sans qu’il faille encore que vous insultiez à ma disgrâce ? De bonne foi, vous me faites une injure ; oui, oui, vous m’insultez, en me faisant la cour d’une manière si méprisante ! Mais adieu ; je suis forcée d’avouer que je vous avais cru doué d’une générosité plus vraie. Oh ! se peut-il qu’une femme rebutée d’un homme soit à cause de cela cruellement raillée par un autre ? (Elle sort.)

LYSANDRE. — Elle ne voit point Hermia.—Hermia, continue de dormir ici, et puisses-tu ne jamais t’approcher de Lysandre ! Car, comme l’excès des mets les plus délicieux porte à l’estomac le dégoût le plus invincible ; comme les hérésies que les hommes abjurent sont détestées surtout par ceux qu’elles avaient trompé ; de même, toi, objet de ma satiété et de mon hérésie, sois haïe de tous, et surtout de moi ! Et vous, puissances de mon âme, consacrez votre amour et votre force à honorer Hélène, et à me rendre son chevalier. (Il sort.)

HERMIA, se réveillant en sursaut. — À mon secours, Lysandre ! à mon secours ! Oh ! fais ton possible pour arracher ce serpent qui rampe sur mon sein : hélas ! par pitié ! —Quel était ce songe ! Lysandre, vois comme je tremble de frayeur ! il m’a semblé qu’un serpent me dévorait le cœur, et que toi, tu étais assis, souriant à mon cruel tourment. — Lysandre ! quoi, s’est-il éloigné ! Lysandre ! Seigneur ! Quoi ! il ne m’entend pas ! Il est parti ! Pas un son, pas une parole ! Hélas ! où êtes-vous ? Répondez-moi, si vous pouvez m’entendre : parlez-moi, au nom de tous les amours ! Je suis prête à m’évanouir de terreur ! —Personne ! —Ah ! je vois enfin que tu n’es plus près de moi ; il faut que je trouve à l’instant, ou la mort, ou toi. (Elle sort).

FIN DU DEUXIÈME ACTE.