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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/442

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Je suis craint dans les campagnes et les villes.
Esprit, mène-les par monts et par vaux.

En voici un.

(Entre Lysandre.)

LYSANDRE. — Où es-tu donc, orgueilleux Démétrius ? Réponds-moi.

PUCK. — Me voici, lâche, tout prêt et en garde. Où es-tu ?

LYSANDRE. — Je vais te joindre tout à l’heure.

PUCK. — Suis-moi donc sur un terrain plus uni. (Lysandre sort et suit la voix.)

(Entre Démétrius.)

DÉMÉTRIUS—Lysandre ! —Réponds-moi encore : lâche fuyard, où t’es-tu donc sauvé ? Parle. Es-tu dans un buisson ? Où caches-tu donc ta tête ?

PUCK. — Et toi, poltron, te vantes-tu donc aux étoiles ? Tu dis aux buissons que tu veux te battre, et tu n’oses pas approcher ? Viens donc, perfide ; viens, timide enfant, je vais te châtier avec une verge : c’est se déshonorer que de tirer l’épée contre toi.

DÉMÉTRIUS. — Ha ! es-tu là ?

PUCK. — Suis ma voix : ce n’est pas ici une place propre à essayer notre courage. (Ils sortent tous deux.)

LYSANDRE reparaît seul. — Il fuit toujours devant moi, et toujours en me défiant : lorsque j’arrive au lieu d’où il me provoque, il est toujours parti. Le lâche a le pied bien plus léger que moi ; je l’ai suivi de toute ma vitesse ; mais il fuyait plus vite encore, et je me suis à la fin engagé dans un sentier sombre et raboteux : je veux me reposer ici. — Hâte-toi, jour bienfaisant. (Il se couche sur la terre.) Pour peu que tu me montres ta lumière naissante, je trouverai Démétrius, et je satisferai ma vengeance. (Il dort.)

(Démétrius reparaît et Puck aussi.)

PUCK. — Oh ! oh ! oh, oh ! poltron ; pourquoi n’avances-tu pas ?

DÉMÉTRIUS. — Attends-moi, si tu l’oses ; car je sais bien que tu cours devant moi, que tu changes toujours de place, et que tu n’oses ni m’attendre de pied ferme, ni me regarder en face. Où es-tu ?