qu’était mon rêve. Je veux aller trouver Pierre Quince pour qu’il compose une ballade sur mon songe : on l’appellera le rêve de Bottom[1], parce que c’est un rêve sans fond ; et je le chanterai à la fin de la pièce, devant le duc : et peut-être même, pour rendre la pièce plus agréable, le chanterai-je à la mort de Thisbé. (Il sort.)
Scène II
La scène est à Athènes, dans la maison de Quince.
QUINCE, FLUTE, SNOUT ET STARVELING.
QUINCE. — Avez-vous envoyé chez Bottom ? Est-il rentré chez lui ?
STARVELING. — On ne peut avoir de ses nouvelles : sans doute, les esprits l’ont transporté loin d’ici.
FLUTE. — S’il ne vient pas, la pièce est perdue. Elle ne peut plus aller, n’est-ce pas ?
QUINCE. — Ce n’est pas possible : vous n’avez pas dans tout Athènes, d’autre homme que lui en état de jouer Pyrame.
FLUTE. — Non ; il a tout simplement le plus grand talent de tous les artisans d’Athènes.
QUINCE. — Oui, et la plus belle tournure aussi, un beau galant, avec une douce voix.
FLUTE. — Vous devriez dire une merveille incomparable. Un galant est, Dieu nous bénisse, une chose qui n’est bonne à rien !
(Entre Snug.)
SNUG. — Messieurs, le duc revient du temple ; et il y a deux ou trois seigneurs et dames de plus, qui se sont mariés en même temps que lui. Si notre divertissement eût été en train, notre fortune à tous était faite.
FLUTE. — Oh ! mon brave Bottom ! voilà comme il a perdu six sous par jour de revenu sa vie durant : il ne pouvait manquer d’avoir six sous par jour. Si le duc ne
- ↑ Bottom signifie le fond.