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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 3.djvu/465

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THÉSÉE. — Le clair de lune et le lion sont restés pour enterrer les morts.

DÉMÉTRIUS. — Oui, et la muraille aussi.

BOTTOM. — Non, je puis vous l’assurer. La muraille qui séparait leurs pères est à bas. — Vous plaît-il de voir l’épilogue, ou d’entendre une danse bergamasque[1], entre deux acteurs de notre troupe ?

THÉSÉE. — Point d’épilogue, je vous prie ; car votre pièce n’a pas besoin d’apologie : ne vous excusez-pas ; car lorsque tous les acteurs sont morts, il n’est pas besoin d’en blâmer aucun. Vraiment, si celui qui a composé cette pièce avait joué le rôle de Pyrame, et qu’il se fût pendu avec la jarretière de Thisbé, cela aurait fait une bien belle tragédie ; et c’en est une en vérité, et jouée avec distinction. Mais, voyons notre bergamasque : laissez là votre épilogue. (Une danse de paysans bouffons.) La langue de fer de minuit a prononcé douze : amants, au lit ; c’est presque l’heure des fées. Je crains bien que nous ne dormions trop tard le matin, comme nous avons veillé trop longtemps cette nuit. Cette farce grossière nous a bien trompés sur la marche pesante de la nuit. — Chers amis, allons à notre lit : en l’honneur de cette solennité, nous passerons quinze jours entiers dans les fêtes nocturnes et des divertissements nouveaux, et chaque jour amènera de nouveaux plaisirs, pour célébrer cette fête. (Tous sortent.)



Scène II

Entre PUCK.

Voici l’heure où le lion affamé rugit,
Où le loup hurle à la lune,
Tandis que le lourd laboureur ronfle
Épuisé de sa pénible tâche.
Maintenant les tisons consumés brillent dans le foyer ;
La chouette, poussant son cri sinistre,
Rappelle aux malheureux, couchés dans les do

  1. On sait que les danses bergamasques ont eu longtemps de la réputation.