Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/105

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un escadron de cavalerie avec du feutre. J’en ferai l’essai ; et quand j’aurai ainsi surpris ces gendres, alors tue, tue, tue, tue, tue, tue !

Entre un gentilhomme avec des valets.

Le gentilhomme. – Oh ! le voilà ! Mettez la main sur lui – Seigneur, votre chère fille….

Lear. – Quoi, point de secours ? Comment ! moi prisonnier ? je suis donc né pour être toujours le jouet de la fortune ! — Traitez-moi bien, je vous payerai une rançon. Qu’on me donne des chirurgiens ; j’ai la cervelle blessée.

Le gentilhomme. – Vous aurez tout ce qu’il vous plaira.

Lear. – Quoi ! personne qui me seconde ? On me laisse à moi seul ? Eh quoi ! cela rendrait un homme, un homme de sel, capable de faire de ses yeux des arrosoirs, et d’en abattre la poussière d’automne.

Le gentilhomme. – Mon bon seigneur…

Lear. – Je mourrai bravement comme un époux à la noce. Allons ! — Je serai jovial ; venez, venez : je suis un roi, savez-vous cela, mes maîtres ?

Glocester. – Vous êtes une personne royale, et nous sommes tous à vos ordres.

Lear. – Alors il y a encore quelque chose à faire. Mais si vous l’attrapez, ce ne sera qu’à la course. Zest, zest.

Il sort en courant – Les valets le poursuivent.

Le gentilhomme. – Spectacle digne de compassion dans le plus pauvre des misérables ; au delà de toute expression dans un roi – Tu as une fille qui sauve la nature de la malédiction générale que les deux autres ont attirée sur elle.

Edgar. – Salut, mon bon monsieur.

Le gentilhomme. – Hâtez-vous ; que voulez-vous ?

Edgar. – Avez-vous entendu dire, seigneur, qu’une bataille se prépare ?

Le gentilhomme. – Certainement, c’est public : il ne faut qu’avoir des oreilles pour en être informé.

Edgar. – Mais faites-moi le plaisir de me dire si l’autre armée est bien éloignée.

Le gentilhomme. – Non, elle s’avance en diligence ; on