Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/460

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Mais advienne que pourra ; qu’avons-nous à craindre ? la tombe est basse et nous en sommes à moitié chemin. Va dire au commandant de cette flotte que nous l’attendons ici pour savoir ce qu’il veut faire, d’où il vient, et ce qu’il veut.

Le Seigneur : J’y cours, seigneur.

(Il sort.)

Cléon : Que la paix soit la bienvenue, si c’est la paix qu’il nous apporte ; si c’est la guerre, nous sommes hors d’état de résister.

(Entre Périclès avec sa suite.)

Périclès : Seigneur gouverneur, car c’est votre titre, nous a-t-on dit ; que nos vaisseaux et nos guerriers ne soient pas comme un signal allumé qui épouvante vos yeux. Le bruit de vos malheurs est venu jusqu’à Tyr, et nous avons appris la désolation de votre ville : nous ne venons point ajouter à vos larmes, mais les tarir ; et nos vaisseaux, que vous pourriez croire remplis comme le cheval de Troie, de combattants prêts à tout détruire, ne sont pleins que de blé pour vous procurer du pain, et rendre la vie à vos corps épuisés par la famine.

Tous : Que les dieux de la Grèce vous protègent, nous prierons pour vous.

Périclès : Relevez-vous, je vous prie ; nous ne demandons point vos respects, mais votre amour, et un port pour nous, nos navires et notre suite.

Cléon : Si ce que vous demandez vous était jamais refusé, si jamais quelqu’un de nous était seulement ingrat en pensée, quand ce seraient nos femmes, nos enfants, ou nous-mêmes, que la malédiction du ciel et des hommes les punisse de leur lâcheté ! mais jamais pareille chose n’aura lieu ; jusque-là du moins, vous êtes le bienvenu dans notre ville et dans nos maisons.

Périclès : Nous acceptons ce bon accueil ; passons ici quelque temps dans les fêtes jusqu’à ce que nos étoiles daignent nous sourire de nouveau.

Fin du premier acte.