Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/497

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un visage d’ange, et saisit sa proie avec des serres de faucon.

Dionysa : Vous êtes un de ces hommes superstitieux qui jurent aux dieux que l’hiver tue les mouches ; mais je sais que vous suivrez mes conseils.

(Ils sortent.)

(Entre Gower. Il est devant le monument de Marina, à Tharse.)

Gower : C’est ainsi que nous abrégeons le temps et les distances ; n’ayant qu’à désirer pour vouloir, traversant les mers, et voyageant avec l’aide de votre imagination de contrée en contrée et d’un bout du monde à l’autre. Grâce à votre indulgence, on ne nous blâme point de nous servir d’un seul langage dans les divers climats où nous transportent nos scènes. Je vous supplie de m’écouter pour que je supplée aux lacunes de notre histoire. Périclès est maintenant sur les flots inconstants (suivi de maints seigneurs et chevaliers). Il va voir sa fille, charme de sa vie. Le vieil Escanès, qu’Hélicanus a fait monter dernièrement à un poste éminent, est resté à Tyr pour gouverner. Souvenez-vous qu’Hélicanus suit son prince. D’agiles vaisseaux et des vents favorables ont amené le roi Périclès à Tharse. Imaginez-vous que la pensée est son pilote, et son voyage sera aussi rapide qu’elle. Périclès va chercher sa fille qu’il a laissée aux soins de Cléon. Voyez-les se mouvoir comme des ombres. Je vais satisfaire en même temps vos oreilles et vos yeux. (Scène muette : Périclès entre par une porte avec sa suite ; Cléon et Dionysa par une autre. Cléon montre à Périclès le tombeau de Marina, tandis que Périclès se lamente, se revêt d’une haire et part dans la plus grande colère. Cléon et Dionysa se retirent.) -Voyez comme la crédulité souffre d’une lugubre apparence ! cette colère empruntée remplace les pleurs qu’on eût versés dans le bon vieux temps ; et Périclès, dévoré de chagrin, sanglotant et baigné de larmes, quitte Tharse et s’embarque. Il jure de ne plus laver son visage, ni couper ses cheveux ; il se