Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/97

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est le père nourricier de la nature ; c’est de sommeil qu’il a besoin : pour le provoquer en lui, nous avons des simples dont la vertu puissante parviendra à fermer les yeux de la douleur.

Cordélia. – Secrets bienfaisants, vertus cachées dans le sein de la terre, sortez-en, arrosées par mes larmes ; secondez-nous, portez remède aux souffrances de ce bon vieillard. Cherchez, cherchez, cherchez-le, de peur que sa fureur, abandonnée à elle-même, ne brise les liens d’une vie qui n’a plus les moyens de se diriger.

Entre un messager.

Le messager. – Des nouvelles, madame : l’armée anglaise s’avance.

Cordélia. – On le savait déjà ; nos préparatifs sont faits pour la recevoir – O père chéri, c’est pour toi seul que je travaille : le puissant roi de France a eu pitié de ma douleur et de mes larmes importunes. Ce n’est point enflés par l’ambition que nous avons été excités à prendre nos armes ; c’est l’amour, le tendre amour et les droits de notre vieux père… Puissé-je bientôt avoir de ses nouvelles et le voir !



Scène V

Un appartement dans le château de Glocester.

Régane. – Mais l’armée de mon frère, est-elle en marche ?

Oswald. – Oui, madame.

Régane. – Y est-il en personne ?

Oswald. – Oui, madame, à grand’peine : votre sœur est le meilleur soldat des deux.

Régane. – Lord Edmond n’a-t-il pas vu votre maître chez lui ?

Oswald. – Non, madame.

Régane. – Et que peut contenir la lettre que lui écrit ma sœur ?