Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/187

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Le roi. — Précisément. Et vous, qui êtes-vous ?

Pistol. — Aussi bon gentilhomme que l’empereur.

Le roi. — Vous êtes donc plus que le roi ?

Pistol. — Le roi est un bon enfant et un cœur d’or : c’est un brave homme, un vrai fils de la gloire, de bonne famille, et d’un bras robuste et vaillant. Je baise son soulier crotté, et du plus profond de mon âme. J’aime cet aimable ferrailleur. — Comment t’appelles-tu, toi ?

Le roi. — Henri le Roi.

Pistol. — Le Roi ? Ce nom sent le Cornouailles. Es-tu de ce pays-là ?

Le roi. — Non, je suis Gallois.

Pistol. — Connais-tu Fluellen ?

Le roi. — Oui.

Pistol. — Dis-lui que je lui frotterai la tête avec son poireau, le jour de Saint-David.

Le roi. — Prenez garde, vous-même, de ne pas porter votre poignard trop près de votre chapeau, de peur qu’il ne vous en frotte la vôtre.

Pistol. — Est-ce que tu es son ami ?

Le roi. — Et son parent aussi.

Pistol. — Eh bien, alors, figue pour toi.

Le roi. — Grand merci. Dieu vous conduise !

Pistol. — Je m’appelle Pistol.

(Il s’en va.)

Le roi. — Votre nom s’accorde bien avec votre air bouillant.

(Entrent Fluellen et Gower.)

Gower. — Capitaine Fluellen….

Fluellen. — Enfin, au nom de Jésus-Christ, parlez plus bas : il n’y a rien dans le monde de plus étonnant que de voir qu’on n’observe pas les anciennes prérogatives et lois de la guerre. Si vous vouliez seulement prendre la peine d’examiner les guerres de Pompée le Grand, vous verriez, je vous assure, qu’il n’y a point de bavardage, ni d’enfantillage dans le camp de Pompée ; je vous assure que vous verriez les cérémonies de la guerre, et les soins de la guerre, et les formes de la guerre être tout autrement.