Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/217

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ACTE V

le chœur. Permettez, vous qui n’avez pas lu l’histoire, que je vous en retrace les événements ; et vous qui la connaissez, pardonnez mes écarts sur les temps, le nombre et l’ordre exact des faits, qui ne peuvent être présentés ici dans leurs vastes détails, et leur vivante réalité. — Maintenant c’est vers Calais que nous transportons Henri. Admettez-le dans le port, et ensuite portez-le sur l’aile de vos pensées au travers des mers : voyez autour du rivage anglais cette large ceinture d’hommes, de femmes et d’enfants, dont les acclamations et les applaudissements surmontent la vaste voix de l’Océan ; et l’Océan, qui, comme un puissant héraut, semble lui préparer sa route : voyez le roi descendre au milieu de son peuple, et s’avancer en pompe solennelle vers Londres. La pensée court d’un pas si rapide, que vous pouvez déjà le suivre sur Blackheath. Là ses lords lui demandent de porter devant lui, jusqu’à la cité, son casque brisé, et son épée ployée dans le combat. Exempt de vanité et d’orgueil, il défend cet honneur, et se refuse tout trophée, tout appareil, toute ostentation de gloire, pour les réserver à Dieu seul. Mais animez encore la forge active et l’atelier de la pensée, et voyez avec quelle impétuosité Londres verse les flots de ses habitants ; voyez sortir de ses portes le lord maire et tous ses collègues, dans leur plus riche parure ; semblables aux sénateurs de l’antique Rome ; suivent les plébéiens en foule pressée, pour aller recevoir en triomphe leur conquérant César ; ou bien, par une image moins