quarante mille brasses au-dessus de l’eau, et qui chanta cette ballade contre le cœur inflexible des filles. On a cru que c’était une femme qui avait été métamorphosée en poisson, pour ne pas avoir voulu aimer un homme amoureux d’elle : la ballade est vraiment touchante, et tout aussi vraie.
DORCAS.—Cela est vrai aussi ? Le croyez-vous ?
AUTOLYCUS.—Il y a le certificat de cinq juges de paix, et de témoins plus que n’en contiendrait ma balle.
LE JEUNE BERGER.—Mettez-la aussi de côté : une autre.
AUTOLYCUS.—Voici une chanson gaie, mais bien jolie.
MOPSA.—Ah ! voyons quelques chansons gaies.
AUTOLYCUS.—Oh ! c’est une chanson extrêmement gaie, et elle va sur l’air de : Deux filles aimaient un amant ; il n’y a peut-être pas une fille dans la province qui ne la chante : on me la demande souvent, je puis vous dire.
MOPSA.—Nous pouvons la chanter tous deux ; si vous voulez faire votre partie, vous allez entendre : elle est en trois parties.
DORCAS.—Nous avons eu cet air-là, il y a un mois.
AUTOLYCUS.—Je puis faire ma partie, vous savez que c’est mon métier : songez à bien faire la vôtre.
CHANSON.
AUTOLYCUS.—Sortez d’ici, car il faut que je m’en aille.—Où ? c’est ce qu’il n’est pas bon que vous sachiez.
DORCAS.—Où ?
MOPSA.—Où ?
DORCAS.—Où ?
MOPSA.—Vous devez, d’après votre serment, me dire tous vos secrets.
DORCAS.—Et à moi aussi ; laissez-moi y aller.
MOPSA.—Tu vas à la grange, ou bien au moulin.
DORCAS.—Si tu vas à l’un ou à l’autre, tu as tort.
AUTOLYCUS.—Ni l’un ni l’autre.
DORCAS.—Comment ! ni l’un ni l’autre ?
AUTOLYCUS.—Ni l’un ni l’autre.
DORCAS.—Tu as juré d’être mon amant.
MOPSA.—Tu me l’as juré bien davantage. Ainsi, où vas-tu donc ? Dis-moi, où ?