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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/150

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HENRI VIII.


qui, incapables de tout autre travail, poussés par faim et par le défaut de ressources, se sont soulevés, affrontant l’événement en désespérés ; et le danger s’est enrôlé parmi eux. LE ROI HENRI.—Des taxes ? où donc ? et quelle taxe enfin ? — Milord cardinal, vous qui êtes avec nous l’objet de leurs reproches, avez-vous connaissance de cette taxe ? WOLSEY.—Je répondrai à Votre Majesté que je ne les connais que pour ma part personnelle dans ce qui concerne les affaires de l’État : je ne suis que le premier dans la ligne où mes collègues marchent avec moi. CATHERINE.—Non, milord, vous n’en savez pas plus que les autres ; mais c’est vous qui dressez les plans dont ils ont comme vous connaissance, et qui ne sont pas salutaires à ceux qui voudraient bien ne les connaître jamais, et qui cependant sont forcément obligés de faire connaissance avec eux. Ces exactions, dont mon souverain désire être instruit, sont odieuses à entendre raconter, et on ne les saurait porter sans que les reins succombent sous un tel fardeau. On dit qu’elles sont imaginées par vous ; si cela n’est pas, vous êtes malheureux d’exciter de telles clameurs. LE ROI HENRI.—Et toujours des exactions ? De quel genre ? De quelle nature est enfin cette taxe ? Expliquez-le-nous. CATHERINE.—Je m’expose peut-être trop à irriter votre patience ; mais enfin je m’enhardis sur la promesse de votre pardon. Le mécontentement du peuple vient des ordres qui ont été expédiées pour lever sur chacun la sixième partie du revenu, exigible sans délai ; on donne pour prétexte une guerre contre la France. Par là les bouches s’enhardissent, les langues rejettent tout respect, et la fidélité se glace dans des cœurs refroidis. Là où l’on entendait des prières, on entend aujourd’hui des malédictions ; et il est vrai que la docile obéissance ne se soumet plus qu’aux volontés irritées de chacun. Je voudrais que Votre Majesté prit ceci promptement en considération ; il n’y a point d’affaire plus urgente.