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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/153

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ACTE I, SCÈNE II.


nel, que, si le roi venait à mourir sans postérité, il ferait si bien qu’il s’approprierait le sceptre : je lui ai entendu dire ces propres paroles à son gendre, le lord Abergavenny, à qui il jurait avec menaces qu’il se vengerait du cardinal. WOLSEY.— Votre Majesté voudra bien remarquer en ceci ses dangereux sentiments : parce qu’il n’est pas en faveur autant qu’il le désire, c’est à votre personne que sa haine en veut le plus, et elle s’étend même jusque sur vos amis. CATHERINE.—Docte lord cardinal, apportez de la charité dans toutes les affaires. LE ROI HENRI.—Poursuis ; et sur quoi fondait-il son titre à la couronne, à notre défaut ? Lui as-tu jamais ouï dire quelque chose sur ce point ? L’INTENDANT.—Il a été amené à cette idée par une vaine prophétie de Nicolas Hopkins. LE ROI HENRI.—Quel est cet Hopkins ? L’INTENDANT.—Sire, c’est un moine chartreux, son confesseur, qui l’entretenait sans cesse d’idées de souveraineté. LE ROI HENRI.—Comment le sais-tu ? L’INTENDANT.—Quelque temps avant que Votre Majesté partit pour la France, le duc étant à la Rose[1], dans la paroisse de Saint-Laurent-Poultney, me demanda ce que disaient les habitants de Londres sur ce voyage de France. Je lui répondis qu’on craignait que les Français n’usassent de quelque perfidie sur la personne du roi. Aussitôt, le duc répliqua que c’était en effet ce qu’on craignait, et qu’il appréhendait que l’événement ne justifiât certain discours prononcé par un saint religieux, « qui souvent, me dit-il, a envoyé chez moi me prier de permettre à Jean de la Cour, mon chapelain, de prendre une heure pour aller apprendre de lui des choses assez importantes ; et lorsque celui-ci eut solennellement juré, sous le sceau de la confession, de ne révéler ce qu’il venait de lui dire à personne au monde

  1. Une maison de plaisance du duc de Buckingham.