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ACTE III, SCÈNE I.

LE GENTILHOMME. — Ils m’ont chargé de vous l’annoncer, madame. CATHERINE. — Priez Leurs Grâces d’entrer. (L’officier sort.) Quelle affaire peuvent-ils avoir avec moi, pauvre et faible femme, tombée dans la disgrâce ? Maintenant que j’y pense, je n’aime point ces visites de leur part. Ce devraient être des hommes honnêtes : leurs fonctions sont respectables, mais le capuchon ne fait pas le moine.

(Entrent Wolsey et Campeggio.)

WOLSEY. — Que la paix soit avec Votre Majesté ! CATHERINE. — Vos Grâces me trouvent ici faisant la ménagère : je voudrais en être une au risque de tout ce qui peut m’arriver de pis. — Que désirez-vous de moi, mes vénérables seigneurs ? WOLSEY. — Veuillez, ma noble dame, passer dans votre cabinet particulier, nous vous y exposerons le sujet de notre visite. CATHERINE. — Dites-le-moi ici. Je n’ai rien fait encore, sur ma conscience, qui m’oblige à rechercher les coins : et je voudrais que toutes les autres femmes pussent en dire autant, d’une âme aussi libre que je le fais ! Milords, je ne crains point (et en cela je suis plus heureuse que bien d’autres) que mes actions soient mises à l’épreuve de toutes les langues, exposées à tous les yeux, que l’envie et la mauvaise opinion des hommes exercent leur force contre elles, tant je suis certaine que ma vie est pure ! Si votre objet est de m’examiner dans ma conduite d’épouse, déclarez-le hardiment. La vérité aime qu’on agisse ouvertement. WOLSEY. — Tanta est erga te mentis integritas, regina serenissima… CATHERINE. — O mon bon seigneur, pas de latin : je n’ai pas été assez paresseuse, depuis que je suis venue en Angleterre, pour n’avoir pas appris la langue dans laquelle j’ai vécu. Une langue étrangère me rend la manière dont on traite ma cause plus étrange, plus suspecte. De grâce, expliquez-vous en anglais ; il y a ici quelques personnes, qui, pour l’amour de leur pauvre maîtresse, vous remercieront si vous dites la vérité :