Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/58

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La Duchesse.― Exécrables jours de troubles et de discorde, combien de fois mes yeux vous ont vus renaître ! Mon époux a perdu la vie pour gagner la couronne ; et mes fils ont été, haut et bas, battus de la fortune, me donnant tantôt à jouir de leurs succès, tantôt à pleurer leurs malheurs. Établis enfin lorsque toutes les querelles domestiques sont entièrement dissipées, voilà que, devenus les maîtres, ils se font la guerre les uns aux autres, frère contre frère, sang contre sang, chacun contre soi-même ! ― Oh ! frénétiques insultes à la nature, cessez vos fureurs maudites, ou laissez-moi mourir ; que je n’aie plus la mort devant les yeux !

Élisabeth. ― Viens, viens, mon enfant ; allons nous renfermer dans le sanctuaire.― Adieu, madame.

La Duchesse.― Attendez, je veux vous suivre.

Élisabeth. ― Vous n’avez rien à craindre.

L’ARCHEVÊQUE, à la reine.― Venez, ma gracieuse dame, et apportez vos trésors et tout ce que vous possédez. Pour moi, je veux remettre entre vos mains les sceaux qui m’étaient confiés ; et puisse-t-il m’advenir selon que je me conduirai envers vous et les vôtres ! Venez, je vais vous conduire au sanctuaire.