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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/67

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Il vous informe aussi qu’on tient deux conseils, et qu’il serait possible que, dans l’un des deux, on prît un parti qui pourrait à tous deux vous faire déplorer l’autre. C’est ce qui l’a déterminé à m’envoyer savoir vos intentions ; et si, à l’instant même, vous voulez monter à cheval avec lui, et vous réfugier en toute hâte dans le nord pour éviter le danger que pressent son âme.

Hastings. ― Va, mon ami, retourne vers ton maître. Dis-lui que nous n’avons rien à craindre de ces deux conseils séparés. Son Honneur et moi nous serons de l’un des deux, et mon bon ami Catesby doit se trouver à l’autre ; il ne peut rien s’y passer relativement à nous que je n’en sois instruit. Dis-lui que ses craintes sont vaines et sans motifs ; et quant à ses songes, je m’étonne qu’il soit assez simple pour ajouter foi aux illusions d’un sommeil agité. Fuir le sanglier avant qu’il nous poursuive, ce serait l’exciter à courir sur nous, et diriger sa poursuite vers la proie qu’il n’avait pas intention de chasser. Va, dis à ton maître de se lever, et de venir me joindre ; nous irons ensemble à la Tour, où il verra que le sanglier nous traitera bien.

Le Messager. ― J’y vais, milord ; et lui rapporterai vos paroles.

(Il sort.)

(Entre Catesby.)

Catesby. ― Mille bonjours à mon noble lord.

Hastings. ― Bonjour, Catesby. Vous êtes bien matinal aujourd’hui. Quelles sont les nouvelles, dans ce temps d’incertitude ?

Catesby. ― En effet, milord, les choses sont peu stables ; et je crois qu’elles ne reprendront point de solidité, que Richard ne porte le bandeau royal.

Hastings. ― Comment ! le bandeau royal ? Veux-tu dire la couronne ?

Catesby. ― Oui, mon bon lord.

Hastings. ― La couronne de ma tête tombera de dessus mes épaules avant que je voie la couronne si odieusement déplacée. Mais crois-tu t’apercevoir qu’il y vise ?

Catesby. ― Oui, sur ma vie : il se flatte de vous voir