Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/75

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Dieu ! Celui qui bâtit son espérance sur ton fantastique sourire est comme le matelot ivre au haut d’un mât, toujours prêt à tomber à la moindre secousse, dans les fatales entrailles de l’abîme.

Lovel. ― Allons, allons, finissons : ces lamentations sont inutiles.

Hastings. ― Ô sanguinaire Richard ! ― Malheureuse Angleterre ! je te prédis les jours les plus effroyables qu’aient encore vus les siècles les plus malheureux.― Allons, conduisez-moi à l’échafaud : portez-lui ma tête.― J’en vois sourire à mon malheur qui ne me survivront pas longtemps.

(Ils sortent.)


Scène 5

Toujours à Londres.― Les murs de la Tour.

Entrent Glocester et Buckingham vêtus d’armures rouillées et singulièrement en désordre.

Glocester. ― Dis-moi, cousin, peux-tu trembler et changer de couleur, perdre la respiration au milieu d’un mot, recommencer ton discours et t’arrêter encore comme si tu avais la tête perdue, l’esprit égaré de frayeur ?

Buckingham. ― Bon ! je suis en état d’égaler le plus grand tragédien, de parler en regardant en arrière, et promenant autour de moi un œil inquiet, de trembler et tressaillir au mouvement d’un brin de paille, comme assailli d’une crainte profonde. Le regard épouvanté et le sourire forcé sont également à mes ordres ; ils sont toujours prêts, chacun dans son emploi, à donner à mes stratagèmes l’apparence convenable. Mais Catesby est-il parti ?

Glocester. ― Oui, et le voilà qui ramène avec lui le maire.

Buckingham. ― Laissez-moi lui parler. (Entrent le lord maire et Catesby.) Lord maire….

Glocester. ― Prenez garde au pont.