Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/96

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mes réflexions. Je ne suis pas aujourd’hui dans mon humeur donnante.

Buckingham. ― Dites-moi donc, décidément, si je dois compter ou non sur votre promesse.

Le roi Richard. ― Tu m’importunes : je ne suis pas en train de donner.

(Sort Richard avec sa suite.)

Buckingham. ― Oui ? En est-il ainsi ? Est-ce d’un tel mépris qu’il veut payer mes importants services ? Est-ce pour cela que je l’ai fait roi ? Oh ! souvenons-nous de Hastings, et fuyons vers Brecknock, tandis que cette tête tremblante est encore sur mes épaules.

(Il sort.)


Scène 3

Entre Tyrrel.

Tyrrel. ― L’acte sanglant et tyrannique est consommé ; l’action la plus perfide, le massacre le plus horrible dont cette terre se soit jamais rendue coupable ! Dighton et Forrest, que j’ai gagnés pour exécuter cette impitoyable scène de boucherie, des scélérats endurcis, des chiens sanguinaires, tout pénétrés d’attendrissement et d’une douce pitié, ont pleuré comme deux enfants en me faisant le triste récit de leur mort. « C’est ainsi, me disait Dighton, qu’étaient couchés ces aimables enfants. »― « Ils se tenaient ainsi, disait Forrest, se tenant mutuellement dans leurs bras innocents et blancs comme l’albâtre ; leurs lèvres semblaient quatre roses rouges sur une seule tige, qui, dans leur beauté d’été, se baisaient l’une l’autre. Un livre de prières était posé sur leur oreiller : cette vue, dit Forrest, a, pendant un moment, presque changé mon âme. Mais, oh ! le démon… » Le scélérat s’est arrêté à ce mot, et Dighton a continué : « Nous avons étouffé le plus parfait, le plus charmant