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HAMLET.

horatio. — Il est mis tout hors de lui par son imagination.

marcellus. — Suivons-le ; il ne convient pas que nous lui obéissions ainsi.

horatio. — Oui, marchons. Quelle issue aura tout ceci ?

marcellus. — Il y a quelque chose de vermoulu dans l’état du Danemark.

horatio. — Le ciel en décidera.

marcellus. — Eh bien ! suivons-le.

(Ils sortent.)

SCÈNE V

Un endroit plus écarté de la plate-forme.
LE FANTÔME et HAMLET entrent.

hamlet. — Où veux-tu me conduire ? Parle, je n’irai pas plus loin.

le fantôme. — Écoute-moi.

hamlet. — Je le veux.

le fantôme. — L’heure est presque arrivée où je dois retourner dans les flammes sulfureuses et torturantes.

hamlet. — Hélas ! pauvre âme !

le fantôme. — Ne me plains pas ; mais prête une attention sérieuse à ce que je vais te révéler.

hamlet. — Parle, je suis tenu d’écouter.

le fantôme. — Et de venger aussi, quand tu auras entendu.

hamlet. — Quoi donc ?

le fantôme. — Je suis l’esprit de ton père, condamné pour un certain temps à errer durant la nuit, et, durant le jour, à jeûner, confiné dans les flammes, jusqu’à ce que la souillure des crimes commis pendant les jours de ma vie soit consumée et purifiée. S’il ne m’était pas défendu de dire les secrets de ma prison, je pourrais dérouler un récit dont la plus légère parole bouleverserait ton âme, glacerait ton jeune sang, pousserait hors de leurs orbites tes deux yeux comme des étoiles, disperserait les boucles noires et agencées de ta tête, et ferait