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ACTE II, SCÈNE II.

efforts tendus jusqu’au bout, mettant à vos pieds nos services pour être commandés par vous.

le roi. — Je vous remercie, Rosencrantz, et vous, aimable Guildenstern.

la reine. — Je vous remercie, Guildenstern, et vous, aimable Rosencrantz ; et je vous conjure d’aller à l’instant voir mon fils, hélas ! trop changé. — Que quelques-uns de vous conduisent ces messieurs là où est Hamlet.

guildenstern. — Que le ciel lui rende notre présence et nos soins agréables et salutaires !

la reine. — Hélas ! Ainsi soit-il !

(Rosencrantz, Guildenstern et quelques hommes de la suite sortent.)
(Polonius entre.)

polonius. — Les ambassadeurs sont revenus de Norwége, fort satisfaits, mon bon seigneur.

le roi. — Tu es toujours le père aux bonnes nouvelles.

polonius. — Vraiment, mon seigneur ? Soyez sûr, mon bon souverain, que je tiens mes services, comme je tiens mon âme, tout ensemble à la disposition de mon Dieu et de mon gracieux roi ; et je pense (ou bien cette mienne cervelle ne sait plus suivre la piste d’une affaire aussi sûrement qu’elle en avait coutume) je pense que j’ai trouvé la vraie cause de la démence de Hamlet.

le roi. — Ah ! dis-moi cela ! Voilà ce qu’il me tarde d’entendre !

polonius. — Donnez d’abord audience aux ambassadeurs ; mes nouvelles seront le dessert après ce grand festin.

le roi. — Fais-leur toi-même les honneurs, et introduis-les. (Polonius sort.) Il me dit, ma chère Gertrude, qu’il a trouvé le point capital et la source de tout le dérangement de notre fils.

la reine. — Je doute qu’il y en ait une autre que cette grande cause : la mort de son père et l’extrême hâte de notre mariage.

(Polonius rentre avec Voltimand et Cornélius.)

le roi. — Bien ! nous le sonderons. — Soyez les bienvenus, mes bons amis. Dites, Voltimand, que nous ap-