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ACTE IV, SCÈNE I.

Cérès.

Dis-moi, arc céleste, sais-tu si Vénus ou son fils accompagnent la reine ? Depuis qu’ils ont tramé le complot qui livra ma fille au ténébreux Pluton, j’ai fait serment d’éviter la honteuse société de la mère et de son aveugle fils.

Iris.

Ne crains point sa présence ici. Je viens de rencontrer sa divinité fendant les nues vers Paphos, et son fils avec elle traîné par ses colombes. Ils croyaient avoir jeté quelque charme lascif sur cet homme et cette jeune fille, qui ont fait serment qu’aucun des mystères du lit nuptial ne serait accompli avant que l’hymen n’eût allumé son flambeau ; mais en vain : l’amoureuse concubine de Mars s’en est retournée ; sa mauvaise tête de fils a brisé ses flèches ; il jure de n’en plus lancer, et désormais, jouant avec les passereaux, de n’être plus qu’un enfant.

Cérès.

La plus majestueuse des reines, l’auguste Junon s’avance : je la reconnais à sa démarche.

(Entre Junon.)
Junon.

Comment se porte ma bienfaisante sœur ? Venez avec moi bénir ce couple, afin que leur vie soit prospère, et qu’ils se voient honorés dans leurs enfants.

(Elle chante.)

Honneur, richesses, bénédictions du mariage ;
Longue continuation et accroissement de bonheur ;
Joie de toutes les heures soit et demeure sur vous.
Junon chante sur vous sa bénédiction.

Cérès.

Produits du sol, surabondance,
Granges et greniers toujours remplis ;
Vignes couvertes de grappes pressées ;
Plantes courbées sous leurs riches fardeaux ;
Le printemps revenant pour vous au plus tard
À la fin de la récolte ;
La disette et le besoin toujours loin de vous ;
Telle est pour vous la bénédiction de Cérès.

Ferdinand.

Voilà la vision la plus majestueuse, les