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ACTE I, SCÈNE IV.

valérie.—En vérité, vous viendrez avec moi : je vous apprendrai d’heureuses nouvelles de votre époux.

virgilie.—Oh ! madame, vous ne pouvez pas encore en avoir.

valérie.—Je ne plaisante pas : on en a reçu hier au soir.

virgilie.—Est-il bien vrai, madame ?

valérie.—Sérieusement : je ne vous trompe pas. Ce que je sais, je le tiens d’un sénateur : voici la nouvelle. Les Volsques ont une armée en campagne ; le général Cominius est allé l’attaquer avec une partie de nos forces. Votre époux et Titus Lartius sont campés sous les murs de Corioles : ils ne doutent pas du succès de ce siège, qui terminera bientôt la guerre. Je vous dis la vérité, sur mon honneur.—Venez donc avec nous, je vous en conjure.

virgilie.—Excusez-moi pour aujourd’hui, madame, et dans la suite je ne vous refuserai jamais rien.

volumnie.—Laissez-la seule, madame : de l’humeur qu’elle est, elle ne ferait que troubler notre gaieté.

valérie.—Je commence à le croire : adieu donc ! —Ah ! plutôt venez, aimable et chère amie ; venez avec nous, Virgilie : mettez votre gravité à la porte, et suivez-nous.

virgilie.—Non, madame ; non, en un mot. Je ne dois pas sortir.—Je vous souhaite beaucoup de plaisir.

valérie.—Eh bien donc !… Adieu.

(Elles sortent.)

SCÈNE IV

La scène se passe devant Corioles.
MARCIUS, TITUS LARTIUS entrent suivis d’officiers et de soldats, au son des tambours et avec bannières déployées. Un messager vient à eux.

marcius.—Voici des nouvelles : je gage qu’ils en sont venus aux mains.

lartius.—Je parie que non, mon cheval contre le vôtre.