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ACTE II, SCÈNE III.

parce qu’il fut deux fois censeur, l’un des plus vénérables ancêtres de Coriolan.

sicinius.—Né de tels aïeux, soutenu par un mérite personnel digne des premières places, voilà l’homme que nous avons dû recommander à votre reconnaissance ; mais en mettant dans la balance sa conduite présente et sa conduite passée, vous avez trouvé en lui votre ennemi acharné, et vous révoquez vos suffrages irréfléchis.

brutus.—Dites surtout, et ne vous lassez pas de le répéter, que vous ne lui eussiez jamais accordé vos voix qu’à notre instigation. Aussitôt que vous serez en nombre, allez au Capitole.

tous ensemble.—Nous n’y manquerons pas. Presque tous se repentent de leur choix.

(Les plébéiens se retirent.)

brutus.—Laissons-les faire. Il vaut mieux hasarder cette première émeute que d’attendre une occasion plus qu’incertaine pour en exciter une plus grande. Si, conservant son caractère, il entre en fureur en voyant leur refus, observons-le tous les deux, et répondons-lui de manière à tirer avantage de son dépit.

sicinius.—Allons au Capitole : nous y serons avant la foule des plébéiens ; et ce qu’ils vont faire, aiguillonnés par nous, ne semblera, comme cela est en partie, que leur propre ouvrage.

(Ils sortent.)
FIN DU DEUXIÈME ACTE.