premier esclave.—L’homme le plus étrange que j’ai encore vu : je ne peux parvenir à le faire sortir. Je te prie, avertis mon maître qu’il veut lui parler.
troisième esclave, à Coriolan.—Que cherchez-vous ici, l’homme ? Allons, je vous prie, videz le logis.
coriolan.—Laissez-moi debout ici ; je ne nuis pas à votre foyer.
troisième esclave.—Qui êtes-vous ?
coriolan.—Un noble.
troisième esclave.—Ah ! un pauvre noble, sur ma foi !
coriolan.—Vrai : je le suis pourtant.
troisième esclave.—De grâce, mon pauvre noble, choisissez quelque autre asile : il n’y a point de place ici pour vous. Allons, je vous prie, videz les lieux, allons.
coriolan, le repoussant.—Poursuis tes affaires, et va t’engraisser des reliefs du festin.
troisième esclave.—Quoi ! vous ne voulez-vous pas ? Je t’en prie, annonce à mon maître que l’hôte étrange l’attend ici.
second esclave.—Je vais l’avertir.
troisième esclave.—Où demeures-tu ?
coriolan.—Sous le dais.
troisième esclave.—Sous le dais.
coriolan.—Oui.
troisième esclave.—Où est donc ce dais ?
coriolan.—Dans la ville des milans et des corbeaux.
troisième esclave.—Dans la ville des milans et des corbeaux ? —Quel âne est ceci ?… Tu habites donc aussi avec les buses ?
coriolan.—Non, je ne sers point ton maître.
troisième esclave.—Holà ! seigneur, voudriez-vous vous mêler des affaires de mon maître ?
coriolan.—Cela est plus honnête que de se mêler de celles de ta maîtresse.—Bavard éternel, prête-moi ton bâton ; allons, décampe.
aufidius.—Où est cet individu ?
second esclave.—Le voilà, seigneur. Je l’aurais mal-