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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

comme jamais sœur aimée comme jamais sœur ne fut aimée de son frère. Qu’elle vive pour unir nos empires et nos cœurs, et que notre amitié ne s’évanouisse plus !

Lépide.

Heureuse réconciliation ! Ainsi soit-il.

Antoine.

Je ne songeais pas à tirer l’épée contre Pompée : il m’a tout récemment accablé des égards les plus grands et les plus rares ; il faut qu’au moins je lui en exprime ma reconnaissance, pour me dérober au reproche d’ingratitude : immédiatement après, je lui envoie un défi.

Lépide.

Le temps presse ; il nous faut chercher tout de suite Pompée, ou il va nous prévenir.

Antoine.

Et où est-il ?

César.

Près du mont Misène.

Antoine.

Quelles sont ses forces sur terre ?

César.

Elles sont grandes et augmentent tous les jours : sur mer, il est maître absolu.

Antoine.

C’est le bruit qui court. Je voudrais avoir eu une conférence avec lui : hâtons-nous de nous la procurer ; mais avant de nous mettre en campagne, dépêchons l’affaire dont nous avons parlé.

César.

Avec la plus grande joie, et je vous invite à venir voir ma sœur ; je vais de ce pas vous conduire chez elle.

Antoine.

Lépide, ne nous privez pas de votre compagnie.

Lépide.

Noble Antoine, les infirmités mêmes ne me retiendraient pas.

(Fanfares ; Antoine, César, Lépide sortent.)
Mécène.

Soyez le bienvenu d’Égypte, seigneur Énobarbus.

Énobarbus.

Seconde moitié du cœur de César, digne Mécène ! — Mon honorable ami Agrippa !

Agrippa.

Bon Énobarbus !

Mécène.

Nous devons être joyeux, en voyant tout si heureusement terminé. — Vous vous êtes bien trouvé en Égypte ?

Énobarbus.

Oui, Mécène. Nous dormions tant que le jour durait, et nous passions les nuits à boire jusqu’à la pointe du jour.