me parler de cela ? Va-t’en ; fais ce que je te dis. — Où est la coupe que j’ai demandée ?
Si, au nom de mes services, vous daignez m’entendre, levez-vous de votre siége.
Je crois que tu es fou. Qu’y a-t-il ?
Pompée, j’ai toujours servi, chapeau bas, ta fortune.
Tu m’as servi avec une grande fidélité. Qu’as-tu encore à me dire ? — Allons, seigneurs, de la gaieté.
Lépide, garde-toi de ces sables mouvants, car tu t’enfonces.
Veux-tu être le seul maître de l’univers ?
Que veux-tu dire ?
Encore une fois, veux-tu être le seul maître de l’univers ?
Comment cela se pourrait-il ?
Consens-y seulement ; et, quelque faible que tu puisses me croire, je suis l’homme qui te fera don de l’univers.
As-tu bien bu ?
Non, Pompée ; je me suis abstenu de boire. — Tu es, si tu oses l’être, le Jupiter de la terre : tout ce que l’Océan embrasse, tout ce que la voûte du ciel enferme est à toi, si tu veux le saisir.
Montre-moi par quel moyen ?
Ces trois maîtres du monde, ces rivaux sont dans ton vaisseau : laisse-moi couper le câble, et, quand nous serons en mer, leur trancher la tête, et tout est à toi.
Ah ! tu aurais dû le faire et non pas me le dire. Ce serait en moi une trahison ; de ta part, c’était un bon service. Tu dois savoir que ce n’est pas mon intérêt qui conduit mon honneur, mais mon honneur mon intérêt. Repens-toi de ce que ta langue ait ainsi trahi ton projet. Si tu l’avais exécuté à mon insu, j’aurais approuvé ensuite l’action ; mais à présent, je dois la condamner : renonce à ton idée et va boire.