vous donne bien haut ; abandonnez ceux qui s’abandonnent eux-mêmes. Descendez tout droit au rivage. Je vais dans un instant vous mettre en possession de ce trésor et de ce vaisseau. — Laissez-moi, je vous prie, un moment. — Je vous en conjure, laissez-moi ; je vous en prie, car j’ai perdu le droit de vous commander. Je vous rejoindrai tout à l’heure.
- (Entrent Éros, et Cléopâtre soutenue par Charmiane et Iras.)
Oui, madame, approchez-vous ; venez, consolez-le.
Consolez-le, chère reine.
Le consoler ! Oui, sans doute.
Laissez-moi m’asseoir. Ô Junon !
Non, non, non, non.
La voyez-vous, seigneur ?
Oh ! loin de moi, loin, loin !
Madame…
Madame, chère souveraine…
Seigneur, seigneur !
Oui, mon seigneur, oui, vraiment. — Il portait à Philippes son épée dans le fourreau, comme un danseur, tandis que je frappais le vieux et maigre Cassius, et ce fut moi qui donnai la mort au frénétique Brutus[1]. Lui, il n’agissait que par des lieutenants et n’avait aucune expérience des grands exploits de la guerre ; et aujourd’hui… — N’importe.
Ah ! restez-là.
La reine, seigneur, la reine !
Avancez vers lui, madame. Parlez-lui. Il est hors de lui, il est accablé par la honte.
Allons, soutenez-moi donc. — Oh !
Noble seigneur, levez-vous : la reine s’approche ; sa tête est penchée et la mort va la saisir ; mais vous pouvez la consoler et la rappeler à la vie.
- ↑ « C’est ainsi que le débauché Antoine traitait le sublime patriotisme de Brutus. » Warburton.