Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
ACTE IV, SCÈNE X.



Scène X

La scène se passe entre les deux camps.
ANTOINE, SCARUS et l’armée.
Antoine.

Leurs dispositions annoncent un combat sur mer ; nous ne leur plaisons guère sur terre.

Scarus.

On combattra sur mer et sur terre, seigneur.

Antoine.

Je voudrais qu’ils pussent nous attaquer aussi dans l’air, dans le feu, nous y combattrions aussi. Mais voici ce qu’il faut faire. Notre infanterie restera avec nous sur les collines qui rejoignent la ville. Les ordres sont donnés sur mer. La flotte est sortie du port ; avançons afin de pouvoir aisément reconnaître leur ordre de bataille et observer leurs mouvements.

(Ils sortent.)
César entre avec son armée.

À moins que nous ne soyons attaqués, nous ne ferons aucun mouvement sur terre ; et, suivant mes conjectures, il n’en sera rien ; car ses meilleures troupes sont embarquées sur ses galères. Gagnons les vallées, et prenons tous nos avantages.

(Ils sortent.)
(Rentrent Antoine et Scarus.)
Antoine.

Il ne se sont pas rejoints encore. De l’endroit où ces pins s’élèvent je pourrai tout voir, et dans un moment je reviens t’apprendre quelle est l’issue probable de la journée.

(Il sort.)
Scarus.

Les hirondelles ont bâti leurs nids dans les voiles de Cléopâtre. — Les augures disent qu’ils ne savent pas, qu’ils ne peuvent pas dire… Ils ont un air consterné, et ils n’osent révéler ce qu’ils pensent. Antoine est vaillant et découragé ; par accès sa fortune inquiète lui donne l’espérance et la crainte de ce qu’il a et de ce qu’il n’a pas.

(Bruit dans l’éloignement, comme celui d’un combat naval.)
Antoine rentre.

Tout est perdu ! l’infâme Égyptienne m’a trahi ! ma flotte s’est rendue à l’ennemi ; j’ai vu mes