Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/240

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étranges nouvelles, et pourquoi arrêtez-vous nos pas sur ces bruyères desséchées par vos prophétiques saluts ? —Je vous somme de parler.

(Les sorcières disparaissent.)

BANQUO. — De la terre comme de l’eau s’élèvent des bulles d’air ; c’est là ce que nous avons vu.—Où se sont-elles évanouies ?

MACBETH. — Dans l’air ; et ce qui paraissait un corps s’est dissipé comme l’haleine dans les vents.—Plût à Dieu qu’elles eussent demeuré plus longtemps !

BANQUO. — Étaient-elles réellement ici ces choses dont nous parlons, ou bien aurions-nous mangé de cette racine de folie[1] qui rend la raison captive ?

MACBETH. — Vos enfants seront rois.

BANQUO. — Vous serez roi.

MACBETH. — Et thane de Cawdor aussi : cela ne s’est-il pas dit ainsi ?

BANQUO. — Air et paroles.—Mais qui vient à nous ?

(Entrent Rosse et Angus.)

ROSSE. — Macbeth, le roi a reçu avec joie la nouvelle de tes succès ; et à la lecture de tes exploits dans le combat contre les rebelles, son étonnement et son admiration se disputaient en lui pour savoir ce qui devait lui rester ou t’appartenir[2]. Réduit par là au silence, en parcourant le reste des événements du même jour, il t’a trouvé au milieu des solides bataillons norwégiens, sans effroi au milieu de ces étranges spectacles de mort, ouvrage

  1. Probablement la ciguë ; on lui attribuait autrefois la propriété de troubler la raison.
  2. :His wonders and his praises do contend
    Which should be thine or his.

    On a tâché de rendre ici exactement, mais sans espoir de la rendre clairement, une subtilité qui a d’autant plus embarrassé les commentateurs anglais, qu’ils ont voulu y trouver plus de sens qu’elle n’en a réellement. Shakspeare n’a prétendu dire autre chose, si ce n’est que Duncan ne savait s’il devait plus s’étonner des exploits de Macbeth ou l’en louer ; en sorte que l’étonnement appartenant à Duncan, et les éloges à Macbeth, disputaient which should be thine or his.