Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/346

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dirai quand je pourrai vous ouvrir, si vous voulez me dire pourquoi !

ANTIPHOLUS d’Éphèse.—Pourquoi ? pour me faire dîner ; je n’ai pas dîné aujourd’hui.

DROMIÔ de Syracuse.—Et vous ne dînerez pas ici aujourd’hui : revenez quand vous pourrez.

ANTIPHOLUS.—Qui es-tu donc pour me fermer la porte de ma maison ?

DROMIÔ de Syracuse.—Je suis portier pour le moment, monsieur, et mon nom est Dromio.

DROMIÔ d’Éphèse.—Ah ! fripon, tu m’as volé à la fois mon nom et mon emploi. L’un ne m’a jamais fait honneur, et l’autre m’a attiré beaucoup de reproches. Si tu avais été Dromio aujourd’hui, et que tu eusses été à ma place, tu aurais volontiers changé ta face pour un nom, ou ton nom pour celui d’un âne.

LUCE, de l’intérieur de la maison.—Quel est donc ce vacarme que j’entends LA ? Dromio, qui sont ces gens à la porte ?

DROMIÔ d’Éphèse.—Fais donc entrer mon maître, Luce.

LUCE.—Non, certes : il vient trop tard ; tu peux le dire à ton maître.

DROMIÔ d’Éphèse.—Ô seigneur ! il faut que je rie.—À vous le proverbe. Dois-je placer mon bâton15 ?

Niote 15 : (retour)

Have at you with a proverb ! shall I set my staff, Luce, Have at you with another, that is—when ? can you tell ?

Il paraît que ceci fait allusion à quelque jeu de proverbe. Les commentateurs se taisent sur cet incompréhensible passage.

LUCE.—En voici un autre ; c’est-à-dire, quand ? —pouvez-vous le dire ?

DROMIÔ de Syracuse.—Si ton nom est Luce, Luce, tu lui as bien répondu.

ANTIPHOLUS d’Éphèse.—Entendez-vous, petite sotte ? vous nous laisserez entrer, j’espère ?

LUCE.—Je pensais à vous le demander.

DROMIÔ de Syracuse.—Et vous avez dit non.

DROMIÔ d’Éphèse.—Allons, c’est bien, bien frappé ; c’est coup pour coup.