HÉRO. — Pourvu que vous vous promeniez lentement, que vous me regardiez avec douceur, et que vous ne disiez rien, je suis à vous pour la promenade ; et surtout si je sors pour me promener.
DON PÈDRE. — Avec moi pour votre compagnie ?
HÉRO. — Je pourrai vous le dire quand cela me plaira.
DON PÈDRE. — Et quand vous plaira-il de me le dire ?
HÉRO. — Lorsque vos traits me plairont. Mais Dieu nous préserve que le luth ressemble à l’étui.
DON PÈDRE. — Mon masque est le toit de Philémon ; Jupiter est dans la maison.
HÉRO. — En ce cas, pourquoi votre masque n’est-il pas en chaume ?
DON PÈDRE. — Parlez bas, si vous parlez d’amour.
(Héro et don Pèdre s’éloignent.)
BÉNÉDICK[1] . — Eh bien ! je voudrais vous plaire !
MARGUERITE. — Je ne vous le souhaite pas pour l’amour de vous-même. J’ai mille défauts.
BÉNÉDICK. — Nommez-en un.
MARGUERITE. — Je dis tout haut mes prières.
BÉNÉDICK. — Vous m’en plaisez davantage. L’auditoire peut répondre ainsi soit-il.
MARGUERITE. — Veuille le ciel me joindre à un bon danseur !
BÉNÉDICK. — Ainsi soit-il !
MARGUERITE. — Et Dieu veuille l’ôter de ma vue quand la danse sera finie ! Répondez, sacristain.
BÉNÉDICK. — Tout est dit ; le sacristain a sa réponse.
URSULE. — Je vous connais du reste ; vous êtes le seigneur Antonio.
ANTONIO. — En un mot, non.
URSULE. — Je vous reconnais au balancement de votre tête !
ANTONIO. — À dire la vérité, je le contrefais un peu.
URSULE. — Il n’est pas possible de le contrefaire si bien,
- ↑ Tout ce dialogue de Marguerite avec Bénédick est attribué, par d'autres, à Bathazar