Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/420

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DON JUAN. — Quelle preuve en fournirai-je ?

BORACHIO. — Une preuve assez forte pour abuser le prince, tourmenter Claudio, perdre Héro, et tuer Léonato. Avez-vous quelque autre but ?

DON JUAN. — Seulement pour les désoler, il n’est rien que je n’entreprenne.

BORACHIO. — Allons donc, trouvez-moi une heure propice pour attirer à l’écart don Pèdre et Claudio. Dites-leur que vous savez qu’Héro m’aime. Affectez du zèle pour le prince et pour le comte, comme si vous veniez conduit par l’intérêt que vous prenez à l’honneur de votre frère qui a fait ce mariage, et à la réputation de son ami qui se laisse ainsi tromper par les dehors de cette fille… que vous avez découvert être fausse. Ils ne le croiront guère sans preuve ; offrez-en une qui ne sera pas moins que de me voir à la fenêtre de la chambre d’Héro ; entendez-moi dans la nuit appeler Marguerite, Héro, et Marguerite me nommer Borachio. Amenez-les pour voir cela la nuit même qui précédera le mariage projeté ; car dans l’intervalle je conduirai l’affaire de façon à ce qu’Héro soit absente, et sa déloyauté paraîtra si évidente que le soupçon sera nommé certitude, et tous les préparatifs seront abandonnés.

DON JUAN. — Quelque revers possible que l’événement amène, je veux suivre ton dessein. Sois adroit dans le maniement de tout ceci, et ton salaire est de mille ducats.

BORACHIO. — Soyez vous-même ferme dans l’accusation, et mon adresse n’aura pas à rougir.

DON JUAN. — Je vais de ce pas m’informer du jour de leur mariage.



Scène III

Le jardin de Léonato. Entrent Bénédick et un page.


BÉNÉDICK. — Page !

LE PAGE. — Seigneur ?

BÉNÉDICK. — Sur la fenêtre de ma chambre est un livre ; apporte-le moi dans le verger.