Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
ACTE II, SCÈNE V.

SCÈNE IV

Toujours à Rome. — Une rue près du Capitole.
ARTÉMIDORE entre, lisant un papier.

artémidore. — « César, défie-toi de Brutus ; prends garde à Cassius ; n’approche point de Casca ; aie l’œil sur Cinna ; ne te fie point à Trébonius ; observe bien Métellus Cimber. Décius Brutus ne t’aime point ; tu as offensé Caïus Ligarius. Tous ces hommes sont animés d’un même esprit contre César. Si tu n’es pas immortel, prends garde à toi, la sécurité laisse le champ libre à la conspiration. Que les puissants dieux te défendent !

« Ton ami Artémidore. »

Je veux attendre ici que César passe ; alors je lui présenterai ceci comme une supplique. Mon cœur déplore que la vertu ne puisse vivre hors de la portée des dents de l’envie. Si tu lis cette note, ô César, tu peux vivre ; sinon, les destins conspirent avec les traîtres.

SCÈNE V

Toujours à Rome. — Une autre partie de la même rue, devant la maison de Brutus.
Entrent PORCIA et LUCIUS.

porcia. — Je t’en prie, mon garçon, cours au sénat. Ne t’arrête point à me répondre, mais pars sur-le-champ. Pourquoi restes-tu là ?

lucius. — Pour savoir quel est mon message, madame.

porcia. — Je voudrais que tu fusses déjà arrivé au sénat, et revenu avant que j’eusse pu te dire ce que tu as à faire. — Ô constance ! tiens-toi ferme à mes côtés ; place une énorme montagne entre mon cœur et ma langue : j’ai l’âme d’un homme, mais je n’ai que la force d’une femme. Qu’il est difficile aux femmes de se soumettre à la prudence ! — Quoi te voilà encore !